Série de capsules audiovisuelles révélant les symboles cachés dans les dessins méticuleux de l'architecte Jean-Jacques Lequeu. Créée pour l'exposition au Petit Palais, Paris.
Trois déambulations dans l'univers visionnaire de Jean-Jacques Lequeu
Placé au bord d'un précipice, quel est ce rendez-vous de Bellevue ? Sa façade est percée de multiples fenêtres, semblant autant de passages vers le néant. Est-ce vraiment un simple observatoire astronomique, comme paraît l'indiquer la longue vue au sommet du donjon trapu de château fort ? Est-ce un rêve d'architecte qui assemble, en une même construction, un fronton de temple antique perché au sommet d'une tour, une loggia de palais italien et une porte gothique ? Peut-être en fait l'artiste y voit-il l'entrée vers son monde imaginaire, s'il parvient à trouver la clé correspondant au trou de la serrure.
À regarder précisément cette charmante guinguette, on ne peut ignorer que l'on y boit et que l'on y mange car Lequeu a décoré sa façade de sculptures représentant tout ce qui est nécessaire à un fastueux banquet. Les colonnes qui supportent l'encadrement de la porte sont en forme de tonneaux superposés. La porte, elle-même, est surmontée de carafes. Les plats principaux, au-dessus des fenêtres : au menu, soupe et poulet rôti. Et au fronton, de belles grappes de raisin. Aux plaisirs du vin et de la bonne chère, l'artiste associe ceux de l'amour. Comme surplombant la guinguette, un hamac accueille un couple enlacé. Pour accéder à ce lit suspendu, quoi de mieux qu'une échelle de corde, accrochée à un arc, attribut du malicieux Cupidon, le dieu de l'Amour. Sur l'auvent, tendu entre deux pommiers lourdement chargés du fruit défendu, comme en écho, deux colombes s'embrassent tendrement.
Vénus, déesse de l'amour, règne sur le boudoir, au rez-de-chaussée de la maison de plaisance. Au centre, autel de ce temple, un lit moelleux, que surmonte Cupidon, tout prêt à tirer ses flèches. Au mur, la décoration célèbre la déesse : à gauche, le cygne et le moineau, habituellement chargés de tirer son char, plus haut des tresses de cheveux blonds qui encadrent des pommes d'or, ou encore un couple de tourterelles, au milieu d'une couronne de roses. À peine visibles derrière les colonnes, les suivantes de la déesse — « compagnes des plaisirs lascifs » précise l'artiste — veillent sur ce lieu de toutes les voluptés.
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826) est un architecte et dessinateur français dont l'œuvre singulière oscille entre rationalisme des Lumières et imagination débridée. Ses dessins méticuleux, souvent chargés de symboles ésotériques et érotiques, représentent des architectures visionnaires qui n'ont jamais été construites.
Dans le cadre de l'exposition consacrée à J-J. Lequeu au Petit Palais de Paris (Paris Musées), j'ai développé une installation multimédia in situ intégrée au parcours d'exposition. La série "Œuvre à la loupe" propose trois capsules audiovisuelles immersives qui révèlent les symboles présents dans les dessins de l'architecte.
Les vidéos sont diffusées sur des écrans intégrés au parcours muséal, créant des points de médiation immersifs qui invitent les visiteurs à s'arrêter et à plonger dans les détails des œuvres. Cette installation transforme l'expérience de visite en permettant aux spectateurs de découvrir les symboles cachés et significations ésotériques que l'œil ne peut saisir dans les dessins originaux exposés.
Chaque capsule utilise l'animation pour guider le regard du spectateur à travers les dessins. Les mouvements de caméra virtuels, les zooms progressifs et les annotations discrètes révèlent progressivement les symboles architecturaux, mythologiques et allégoriques dissimulés dans les compositions de Lequeu.